Braunstein, un entraîneur oublié

De 1947 à 1949, l’Amiens A.C. a été entraîné par un éducateur qui eut le mérite de maintenir en professionnels un club en grande difficulté.

En 1947, l’Amiens A.C. est à la recherche d’un nouvel entraîneur pour succéder à Pierre Illiet, revenu dans son premier club où il a fait office d’entraîneur-joueur lors de la saison 1946-1947, avant de partir pour Trouville. Le choix se porte sur Mony Braunstein, qui avait acquis une bonne réputation d’entraîneur et d’éducateur.

Il était né en 1909 à Braila, en Roumanie. Sa famille avait émigré dans un premier temps en Italie. Lui-même avait fait ses premiers pas en juniors à l’Ambrosiana de Milan. En 1932, il avait migré vers la France et avait signé au Racing Club de Paris. Il ne s’y imposa pas en équipe première mais joua pendant deux saisons en réserve professionnelle.

Très tôt, il s’était intéressé à l’entraînement des jeunes footballeurs. Pendant les années 30, il s’occupa de l’école de football du Racing, sur les terrains de Colombes. En 1939, engagé volontaire dans l’armée française, il fut démobilisé en 1940 à Montauban, où il demeura pendant les années d’Occupation. Il entraîna pendant 4 ans l’A.S.Montauban.

Dès la paix revenue, il participa au stage national d’entraîneur où il fut reçu en deuxième position. Il fut alors engagé par l’U.S.Le Mans qui venait de reprendre le statut professionnel. C’est là que les dirigeants d’Amiens allèrent le chercher.

La tâche n’était pas facile de reprendre une équipe en plein remue-ménage. Plusieurs joueurs qui assuraient l’ossature des dernières saisons étaient partis: Pierre Illiet, Marcel Meneut, Joseph Strozyk, Jacques Victoria, André Visignol. Braunstein dut tout reconstruire, avec de nouveaux joueurs, comme Roger Pierre (ex-Nancy), Didi (R.C.Paris), Roger Défossé et Gérard Jean (tous deux du C.A.Paris), Joseph Lopez (Perpignan), Marcel Léturgeon qu’il fit venir du Mans. Tous ne s’imposèrent pas. Il lança les débutants Edouard Harduin, venu de Cambrai, et René Galvez, de Compiègne, et fit appel à deux jeunes formés au club, Michel Grumetz et Jack Braun.

Braunstein (en haut à gauche), en 1948 avec, Harduin, Galvez, Capart, Albanesi, Uchart, Moretti; 1er rang: Carré, Lefèbvre, Hérouard, Lopez, Jean.

Il fallut du temps pour trouver l’amalgame entre ces nouveaux et les titulaires habituels (Jean Capart, Amédée Uchart, Lido Albanesi, Lucien Hérouard, Edouard Kups). Mais son travail paya en fin de saison, au cours de laquelle Amiens termina le championnat à une honnête 8e place, grâce à 7 victoires et 1 nul lors des 8 dernières journées.

Ces promesses ne se confirmèrent pas la saison suivante. Le club avait dû faire face à de  nouveaux chamboulements: départs de Braun, Défossé, Didi, Debeugny, Grumetz, Kups, Léturgeon, arrivées de Bernard Adam (amateur de Bayeux), René Carré (ex-Cambrai), Jean-Pierre Emmenegger (Colmar), Edmond Lefèbvre (Roubaix), Schave Mateo (Brive), Lucien Minet (Montdidier), René Ollivier (Asnières), débuts des Picards Michel Cerf et Maurice Wattebled. Soit un recrutement de joueurs majoritairement débutants au niveau professionnel. Amiens termina à une modeste 14e place.

A l’issue de la saison, Braunstein quitta le club. Il entraîna ensuite Noeux-les-Mines avant de retourner au Mans. Il y fit de nouveau oeuvre utile d’éducateur et de formateur d’entraîneurs. A Amiens, son nom a été oublié mais il fait partie de ces entraîneurs qui ont su maintenir l’équipe à flot, alors que le club était perpétuellement en proie à de gros problèmes financiers.

Didier Braun

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