André Riou, un grand entraîneur de passage à Amiens

André Riou n’a pas été très longtemps entraîneur de l’Amiens A.C. Il n’est resté que deux ans, en 1950 et 1951. Avec une équipe qui ne disposait pas de grands moyens, il a pourtant réussi à maintenir le club à un bon rang, avant de poursuivre une belle carrière d’entraîneur en Belgique. Mon père Jack m’a souvent dit que c’était le meilleur entraîneur qu’il avait connu à Amiens.

André Riou arrive à Amiens pendant la saison 1949-1950. Le championnat a très mal débuté pour le club picard. L’entraîneur, depuis l’été 1949, est Rémy Fourmond. Cet ancien footballeur professionnel (Saint-Servan, Pontoise, Colmar, Troyes) a débuté comme entraîneur à Cambrai. Il s’est ensuite fait remarquer en conduisant Dieppe en 16es de finale de la Coupe de France, en 1948. Mais il n’a encore jamais entraîné de club professionnel.

Le début de championnat d’Amiens n’a pas été mauvais. Au début du mois d’octobre, le club pointe même à la 5e place. Son avant-centre, Charles Quaino, a inscrit 7 buts en 8 matches. Puis, c’est la chute vertigineuse. D’octobre à décembre, l’équipe ne prend plus que 3 points en 10 rencontres. Les dirigeants limogent l’entraîneur.

Pendant quelques matches, c’est le capitaine de l’équipe, Eugène Bourson, qui fait office d’entraîneur. Les séances de culture physique sont assurées par un ancien champion de boxe française, Arthur Devillers ! La situation n’est pas viable.

  • La traditionnelle « valse des entraîneurs »

A la fin de 1949, à Paris, le Stade-Red Star a également « rendu sa liberté » à son entraîneur, André Riou, après une défaite contre Montpellier, au Parc des Princes. Amiens l’engage alors, pour une durée de 6 mois. Il prend l’équipe en main le 8 janvier, pour un match de Coupe de France qu’Amiens perd (0-1) devant Cannes, à Grenoble. Sur un but marqué contre son camp par René Salembier.

En championnat, Amiens remporte sa première victoire depuis le mois d’octobre face à Alès (7-1, dont 3 buts de Quaino), mais ne remonte la pente que dans les dernières semaines. L’A.A.C. termine sur une série de 6 matches sans défaite pour se classer finalement à la 9e place.

André Riou, sans son habituel béret

André Riou, sans son habituel béret

André Riou signe un nouveau contrat d’un an. Mais le club perd un joueur important.  Quaino, qui a terminé 2e du classement des buteurs du championnat avec 23 buts, part pour Lens. Jean Mankowski, arrivé de Valenciennes, n’aura pas le même rendement. Il sera le meilleur buteur de l’équipe, avec 11 buts. Malgré tout, Amiens va obtenir son meilleur classement en division II, depuis la reprise après la Guerre: 7e. Le 21 janvier 1951, après une victoire sur Le Mans (4-1), l’équipe a même culminé à la 5e place.

L’équipe-type de cette saison était composée de: Capart (25 matches) – Salembier (31 m.), Hérouard (32 m.), Uchart (32 m.) – Braun (28 m.), Harduin (31 m.) – Deléglise (27 m.), Proust (14 m.), Mankowski (28 m.), Madani (28 m.), Lacaze (26 m.).

  • Le Standard de Liège ne l’a pas oublié

Mon père m’a souvent dit que c’est avec Riou qu’il avait connu son meilleur état de forme. Hélas, le club, confronté à de gros problèmes financiers, ne peut pas le garder à la fin de la saison. Les joueurs, lit-on dans France-Football, en gardent le meilleur souvenir, au moment où la saison suivante va reprendre, sous la conduite de Charles Roze.

Après un passage à Béziers, André Riou va poursuivre sa carrière en Belgique. D’abord au Standard de Liège dont il va devenir un héros. Avec lui, en effet, les « Rouches » remportent pour la première fois la Coupe de Belgique, en 1954 (3-1 contre Malines) et le championnat national en 1958. Il entraîne ensuite le Daring de Bruxelles, Mons, l’Union Saint-Gilloise.

A la fin des années 1960, il revient dans sa région d’origine, Toulouse, où il avait joué pendant la Guerre et où il avait fait ses débuts d’entraîneur. Il devient Conseiller technique régional de la Ligue du Midi, jusqu’à sa retraite, en 1982.

Lorsqu’il est décédé, le 3 octobre 2005, sa mémoire sera beaucoup plus honorée en Belgique qu’en France. On n’y avait pas oublié ses exploits avec le Standard.

A titre personnel, je conserve un excellent souvenir de cet homme enjoué, bienveillant qui, chaque fois que nous nous rencontrions, me faisait remarquer qu’il m’avait fait tenu dans ses bras lorsque j’étais bébé !

Didier Braun

–> LES ENTRAÎNEURS DE L’AMIENS A.C. APRES 1945

  • Kaj ANDRUP, 1945-1946;
  • Pierre ILLIET, 1946-1947;
  • Mony BRAUNSTEIN, 1947-1948 et 1948-1949;
  • Rémy FOURMOND, 1949-1950;
  • Eugène BOURSON, interim 1949-1950;
  • André RIOU, 1949-1950 et 1950-1951;
  • Charles ROZE, 1951-1952;
  • Eugène BOURSON, 1951-1952;
  • Edouard HARDUIN, 1952-1953 à 1958-1959;
  • Jean MANKOWSKI, 1959-1960 et 1960-1961.
  • Emilien MERESSE devient entraîneur en 1961, au moment de la fusion de l’A.A.C. et d’Amiens Sports, le club s’appelant désormais Amiens S.C.
Cet article, publié dans L'époque de Jack (années 1950-60), Les personnages, est tagué , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

Laisser un commentaire