Amiens A.C. et la Coupe de France (13: 1952-1961, face au grand Reims pour finir)

Redevenu amateur en 1952, l’Amiens A.C. ne réussit aucun exploit en Coupe de France jusqu’à la fusion du club en 1961.

A bout de ressources financières, Amiens abandonne le statut professionnel en 1952. Le club repart en bas de la hiérarchie du championnat du Nord. Sous la présidence de Georges Poidevin, l’Athlé entame une lente remontée dans la hiérarchie du football amateur. Pendant neuf saisons, ses parcours en Coupe de France sont modestes. Aucun exploit notable ne les rehausse.

En 1952-53, l’équipe est constituée avec de nombreux jeunes encadrés par trois ex-professionnels, Edouard Harduin, devenu entraîneur, Jean Mankowski et Jack Braun, qui a resigné au club à la fin de l’année. En Coupe de France, Amiens passe les deux premiers tours (2-2 et 6-0 contre Billenbois, A-0 contre Amiens Sport) puis doit affronter une des meilleurs équipes de la Ligue du Nord, l’U.S.Maubeuge. L’Athlé fait bonne figure mais s’incline 3-2 après prolongation. L’équipe est ainsi composée:

  • Denis — Falize, Feuillet, Baillet — Harduin, Caisson — Ibanez, Mankowski, Drancourt, Herlaut, Campuzan.

En 1953, Amiens passe 4 tours: 9-0 contre Albert, 3-1 contre Fouilloy, 2-1 contre le Stade Roubaisien, 2-1 contre les Cheminots de Chambly. Il reçoit ensuite une équipe professionnelle, pour la première fois depuis son retour chez les amateurs. Le 20 décembre 1953, le C.A.Paris l’emporte 1-0 (but de Raymond Legal), mais le journal L’Equipe note que l’équipe picarde a été nullement dominée par les pros.

  • L’EQUIPE D’AMIENS CONTRE LE C.A.PARIS
  • Denis — Falize, Feuillet, Letellier — Braun, Harduin — Wageneire, Détourné, Eloy, Mankowski, Campuzan.

Lors des deux saisons suivantes, alors que le club est monté en Division d’honneur, l’A.A.C. connaît des parcours sans relief en Coupe. A l’automne 1954, il est éliminé par Arras (2-3)  après avoir battu Montdidier (3-2) et les Cheminots de Boulogne (9-2, dont 6 buts de Jean Mankowski !) et Hazebrouck (5-4 après prolongation). En 1955, les Picards ne dépassent pas non plus le 5e tour (victoires sur Blangy [7-0], Le Touquet [4-1], Bruay Sport [3-0], défaite contre Le Vésinet [1-2]).

Le 24 octobre 1954, Jean Mankowski inscrit 6 buts contre les Cheminots de Boulogne.

C’est lors de la saison 1956-57 qu’Amiens se rapproche le plus de l’élite. C’est d’ailleurs lors de cette saison que le club va monter en championnat de France amateurs. L’A.A.C. passe d’abord 4 tours, en battant successivement Mers-Le Tréport (6-2), Tourcoing (2-1), Billy-Montigny (4-0) et Montataire (3-1). Le 16 décembre 1956, il reçoit les professionnels de Roubaix, qui jouent désormais en division 2.

5.000 spectateurs ont bravé le vent violent pour se rendre au stade Moulonguet, une affluence qu’on n’avait plus connue à Amiens depuis l’époque professionnelle. D’entrée, les amateurs bousculent les pros et Claude Jany marque à la 23e minute. Les Roubaisiens patientent 40 minutes avant d’égaliser sur un coup franc du futur Amiénois André Gauchon. Mais l’équipe d’Harduin contraint le C.O.R.T. à la prolongation qui se dispute dans la pénombre. Et c’est alors que Serge Campuzan, blessé, quitte le terrain et que Roubaix inscrit le but d’une qualification « sans gloire », d’après L’Equipe, grâce à Jacques Rousseau.

Tout près de l’exploit contre Roubaix, en 1956. De g. à dr., debout: Feuillet, Bouly, Wageneire, Harduin, Falize, Forcioli; accroupis: Jany, Mankowski, Dumoulin, Braun, Campuzan.

  • LES EQUIPES DU MATCH AMIENS-ROUBAIX
  • AMIENS : Forcioli — Falize, Feuillet, Wageneire — Harduin, Bouly — Jany, Mankowski, Dumoulin, Braun, Campuzan.
  • ROUBAIX : Desremaux — Colliot, Linskens, Vanderhaeghen — Grévin, Buge — Michelin, Friedrich, Gauchon, Rousseau, Berni.

Parvenu en C.F.A., Amiens va deux fois être victime des fameuses « surprises de la Coupe ». En 1957-58, après deux qualifications contre Saint-Pol (10-0) et Noeux-les-Mines (2-0), l’Athlé tombe lourdement (1-5) devant les « métallos » de l’U.S.Normande (1-5), qui évoluent en division d’honneur. L’année suivante, Amiens, leader de son groupe en C.F.A. est éliminé dès son entrée dans la compétition par les promotionnaires d’Hénin-Liétard (1-2).

Plus probante sera la performance en Coupe, l’année suivante. Le 27 décembre 1959, Amiens tient tête aux pros de Division 2 de Metz, qu’ils poussent à disputer un second match (0-0). Pendant la prolongation, Amiens manque même deux fois la qualification, sur des occasions de Bernard Poison et Frédy Dumoulin.

  • LES EQUIPES DU MATCH AMIENS-METZ
  • AMIENS : Flautre — Jany, Feuillet, Legrand — Bachelet, Cerf — Dumoulin, Poteau, Poison, Marquette, Corroyer.
  • METZ : Fischbach — G.Zvunka, Scheid, Grimbert — Fuchs, Petitfils — S.Zénier, Masucci, Bessonart, Müller, Vagneur.

Les deux équipes se retrouvent à Metz le 3 janvier 1960 et, comme le titre L’Equipe, « Metz a vite réglé le sort d’Amiens ». Santiago Bessonart marque deux fois dans les 20 premières minutes. Jean-Marie Vagneur ajoute un 3e but dès la 32e minute. Roland Ehrhardt enfonce le clou en seconde période.

La dernière saison d’existence de l’Amiens A.C. est marquée par un dernier grand souvenir, à défaut d’exploit. Pour la première fois depuis 10 ans, l’Athlé atteint les 32es de finale, marqués par l’entrée des clubs de division 1. Pour y parvenir, Amiens a éliminé Louviers (6-0) et Saint-Leu (3-2).

Le 15 janvier 1961, à Boulogne-sur-Mer, l’équipe de Georges Poidevin a l’honneur d’affronter le Stade de Reims et ses 10 internationaux. De suspense, il n’y aura pas. Les Rémois l’emportent aisément, 6-0, avec 2 buts de Robert Siatka, 2 de Roger Piantoni, un de Raymond Kopa et un de René Emerelle contre son camp. Mais pour Jacques Falize, le capitaine, qui a serré la main de Kopa, quel grand souvenir !

Raymond Kopa face à Jacques Falize, le 15 janvier 1961.

  • LES EQUIPES D’AMIENS-REIMS
  • AMIENS : Flautre — Falize, Marquette, Pinard — Emerelle, Cerf — Poison, Solari, Gauchon, Campuzan, Sachy.
  • REIMS : Colonna — Wendling, Siatka, Rodzik — Leblond, Moreau — Vincent, Muller, Kopa, Piantoni, Sauvage.

A l’issue de cette saison, l’Amiens A.C. et Amiens Sport fusionneront. Le club deviendra l’Amiens S.C.. Ainsi s’achèvent 40 années de Coupe de France, marquées par de nombreux moments mémorables ainsi résumés:

  • LE PALMARES DE L’AMIENS A.C. EN COUPE DE FRANCE
  • 1 demi-finale en 1930;
  • 4 quarts de finale en 1925, 1928, 1931 et 1934;
  • 5 huitièmes de finale en 1922, 1926, 1929, 1932, 1936 (plus 2 huitièmes de Zone Nord en 1942 et 1943;
  • 6 seizièmes de finale en 1924, 1927, 1933, 1935, 1946, 1952.

Didier Braun

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